"La Terre est notre nourrice; elle est la première et plus vieille des divinités qui sont nées à l'intérieur du Ciel". Platon : Timée (40 b-c).
«Le grand Pan est mort»
« Quant à la mort des êtres de cette sorte (scil. Les démons), voici ce que j'ai entendu dire à un homme qui n'était ni un sot, ni un hâbleur. Le rhéteur Émilien, dont certains d'entre vous ont suivi les leçons, avait pour père Épithersès, mon compatriote et mon professeur de lettres. Celui-ci racontait qu'un jour, se rendant en Italie par mer, il s'était embarqué sur un navire qui transportait des marchandises et de nombreux passagers. Le soir, comme on se trouvait près des îles Échinades, le vent soudain tomba et le navire fut entraîné par les flots dans les parages de Paxos. La plupart des gens à bord étaient éveillés et beaucoup continuaient à boire après le repas. Soudain, une voix se fit entendre qui, de l'île de Paxos, appelait à grands cris Thamous. On s'étonna. Ce Thamous était un pilote égyptien et peu de passagers le connaissaient par son nom. Il s'entendit nommer ainsi deux fois sans rien dire, puis, la troisième fois, il répondit à celui qui l'appelait, et celui-ci, alors, enflant la voix, lui dit : “ Quand tu seras à la hauteur de Palodès, annonce que le grand Pan est mort ”.
En entendant cela, continuait Épithersès, tous furent glacés d'effroi. Comme ils se consultaient entre eux pour savoir s'il valait mieux obéir à cet ordre ou ne pas s'en inquiéter et le négliger, Thamous décida que, si le vent soufflait, il passerait le long du rivage sans rien dire, mais que, s'il n'y avait pas de vent et si le calme régnait à l'endroit indiqué, il répéterait ce qu'il avait entendu. Or, lorsqu'on arriva à la hauteur de Palodès, il n'y avait pas un souffle d'air, pas une vague. Alors Thamous, placé à la poupe et tourné vers la terre, dit, suivant les paroles entendues : “Le grand Pan est mort”. A peine avait-il fini qu'un grand sanglot s'éleva, poussé non pas par une, mais par beaucoup de personnes, et mêlé de cris de surprise.
Comme cette scène avait eu un grand nombre de témoins, le bruit s'en répandit bientôt à Rome, et Thamous fut mandé par Tibère César. Tibère ajouta foi à son récit, au point de s'informer et de faire des recherches au sujet de ce Pan. Les philologues de son entourage, qui étaient nombreux, portèrent leurs conjectures sur le fils d'Hermès et de Pénélope».
Plutarque : Sur la disparition des oracles ed. Flacelière, Dialogues Pythiques , Budé, 1974, p. 121-123 (Moralia 419 A 11-E 2).
Cher Robert Flacelière, j'ai suivi vos cours avant votre disparition et j'ai été une lectrice assidue de vos travaux sur l'Antiquité. Un jour que je citais devant vous Plutarque annonçant la mort du Pan, vous m'avez répondu, malicieux : "En êtes-vous bien certaine ?" et d'ajouter en tournant les talons "HEN KAI PAN" que l'on lit parfois aussi "HEN TO PAN" (UN LE TOUT). Cher Maître, vous me manquez beaucoup...
NON, LE GRAND PAN n'est pas mort. Je l'ai rencontré au fond de nos forêts. Les forces de la nature ne peuvent pas mourir.
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